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Flaxieu



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Voici un texte de Marie-Chantal Guilland , rédigé pour l'Horizon du Colombier, qui décrit l'église du village, son approche et son histoire.

L' EGLISE DE FLAXIEU       

Adossée au vignoble du coteau de Pommont, la silhouette d'une église domine le village : paysage bugiste traditionnel pour une paroisse au passé fervent  et  pour son église désormais monument historique.


LA  PAROISSE

C'est aux calendes de février 1481 que, par une bulle du pape Sixte IV,  le village est érigé en paroisse rattachée au diocèse de Genève. En 1483, commence la construction de l'église actuelle, bientôt placée sous le vocable de saint Maurice, chef de la légion thébaine et martyr, et de saint Innocent.
La paroisse prend rapidement un lustre particulier. Le 16 novembre 1605, elle reçoit la visite de François de Sales, alors évêque de Genève. Elle accueille, à cette occasion, vingt et un postulants. Les dix premiers sont ici même promus à la cléricature, les autres reçoivent les ordres mineurs.
Au XVIIème siècle, la paroisse de Flaxieu devient le siège de l'archiprêtré du Bas-Bugey. Elle regroupe alors auprès d'elle : Culoz, Ceyzérieu, Béon, Talissieu, Ameyzieu, Yon, Cerveyrieu, Pollieu, Vongnes-Marignieu,Lavours, Cressin-Rochefort, et Chanas.
Au Concordat de 1801, la totalité des paroisses du département passe à l'évêché de Lyon ; puis, en 1821, à celui de Belley, nouvellement créé. Il en va ainsi de Flaxieu, paroisse à laquelle en 1808 ont été rattachés Vongnes et Marignieu. 
Sous l'autorité de prêtres vénérés aujourd'hui encore par les "anciens", le XXème siècle et ses cataclysmes voient survivre nos petites communautés paroissiales. Bien que Flaxieu n'ait plus de curé résidant depuis 1974, ici, comme dans chaque village alentour, l'église vit, ses portes sont ouvertes. Fêtes carillonnées ou célébrations "intimistes", la paroisse accueille ses fidèles, animée par un concours de bonnes volontés, bugistes obstinés à l'âme chevillée au corps.
Les dernières décennies du siècle passé et le début du XXIème siècle sont marquées par les nécessaires regroupements paroissiaux et voient le rattachement de Flaxieu et des villages dits de "Notre Dame des Eaux Vives" à Ceyzérieu et, plus récemment, à Culoz.



L ' EGLISE

Flaxieu doit l'édification de son église à Aymon de Montfalcon, évêque de Lausanne, et à son frère Hugonin, seigneur de Flaxieu à la fin du XVème siècle. La qualité de ce "joyau de l'art gothique",  dont on ne peut dissocier la Sainte Fontaine toute proche, reflète l'importance historique de la châtellenie de Flaxieu. Pendant près de trois siècles, en effet, le village se développe dans le sillage de la puissante famille Montfalcon et, jusqu'à ce que celle-ci s'éteigne en 1640, il bénéficie de son aura exceptionnelle.


   

Eglise de Flaxieu (photo P-Y Guilland)


De nos jours, les observateurs attentifs font remarquer que, le prélat ayant gardé la haute main  sur la construction de la petite église, ce n'est pas pure coïncidence si certains éléments de son architecture  -plus particulièrement son portail-   font écho, toutes proportions gardées, à la beauté de la cathédrale de Lausanne.



DESCRIPTION

De style gothique flamboyant, l'église de Flaxieu surprend par son élégante simplicité, l'harmonie de ses modestes dimensions (longueur 18 mètres, largeur 6 mètres, hauteur 8 mètres), la pureté de ses lignes.

Approche extérieure

Après avoir gravi la Rue de l'Eglise, le visiteur, comme naguère le fidèle, constate que l'accès à l'église le conduit....à son chevet. Et ce n'est qu'en dépassant le chevet qu'il découvrira la façade et le porche d'entrée. Est-ce un symbole ? Aymon reste muet. La prudence impose de s'en tenir à l'esthétique : l'effet est saisissant, tant le chevet est exemplaire de la grâce et de l'équilibre de cette architecture.

Ensuite vient la façade et un autre ensemble remarquable : son portail. Deux pilastres l'encadrent, surmontés de pinacles engagés. Deux bancs de pierre, de part et d'autre de l'entrée, servent de soubassement aux colonnettes formant un arc brisé au-dessus du tympan et bordées par une moulure en accolade......bancs de pierre polis par des générations d'enfants chahuteurs et de paroissiens retardataires, refuge cher au coeur de tous et surmonté de l'inscription bienveillante "Domus mea, Domus orationis" peinte au tympan.
Au-dessus du portail ont été placées les statues de saint Maurice, sainte Eugénie et sainte Hélène (de facture récente, elles remplacent les originaux buchés lors de la Révolution).  Au-dessous d'un oculus, deux tables de pierre portent, en latin, une inscription à la gloire des deux frères, bâtisseurs de l'église.
Traduction résumée de l'inscription :
"...Ceux qu'à engendrés la brillante maison Montfalcon...Aymon, révérend abbé du Haut-Crêt puis possesseur du prieuré sacré de Ripaille, et son frère Hugonin, le puissant et illustre seigneur de Flaxieu...ont construit tout à neuf, en un marbre éclatant, forts de leur immense piété, ce saint temple où les autels resplendissent des feux sacrés et le peuple, son travail achevé, se répand en prières...".

Le clocher : après les déprédations subies à la Révolution "par effet des circonstances" selon un document officiel, un clocher-arcade en pierre fut installé en 1834, offert par les habitants du village pour la somme de mille francs de l'époque. Restauration provisoire : il dut être remplacé en 1879 par l'actuel clocher de bois ; et son vestige, le volumineux chapiteau de pierre amputé de sa croix, tint ensuite lieu de chevet à la pompe du puits de la cure, avant d'être déposé à l'intérieur du mur d'enceinte de l'église.

La sacristie, elle aussi détruite à la Révolution, fut reconstruite en 1837, avec l'aide financière du ministère des Cultes.


L 'intérieur

L'église est constituée d'une nef unique à trois travées, prolongée par l'abside surélevée d'une marche.
Les travées sont séparées par des demi-colonnes sans chapiteau, dont le fût se ramifie à mi-hauteur pour s'épanouir dans la voûte en croisées d'ogives.
Des demi-colonnes semblables aux précédentes  constituent l'armature de l'abside. Les arcs qui s'en détachent se rejoignent dans la voûte au-dessus de l'autel. Les clefs de voûte sont décorées aux armes de la famille Montfalcon.
De chaque côté de la nef, entre les deuxième et troisième piliers en partant de l'entrée se trouvent deux renfoncements dans lesquels étaient placés jadis deux autels secondaires (chapelles) ; la pierre tombale de l'abbé Vuillermidi, premier curé de la paroisse, y est encastrée (côté nord).
En tête d'abside,  dans ce que nous appelons le choeur, également côté nord, se trouve un repositoire mouluré et, symétriquement, côté sud, une piscine (cavité où l'on plaçait les burettes) surmontée d'une accolade.
Seul ajout à cette architecture du XVème siècle, une tribune, construite à la fin du XIXème siècle – c’était, à cette époque-là, un domaine réservé à la gente masculine.

Les statues
Ce sont, pour la plupart, des oeuvres récentes (XIXème/XXème siècles), en plâtre :
une Vierge à l'Enfant, un Sacré Coeur, saint François de Sales, saint Joseph, saint Antoine et, datant de 1934, saint Jean-Marie Vianney et sainte Thérèse de l'Enfant Jésus.
Flaxieu verra, un jour prochain, prendre place dans l'église sa statue de la Vierge à l'Enfant, datant du XVIème siècle, initialement placée sur la console intérieure de la Sainte Fontaine ; retirée après une tentative de vol, il y a une soixantaine d'années, elle a été restaurée à la fin du siècle dernier et, depuis lors, classée au patrimoine religieux et culturel de notre département.

Le mobilier
Une table-autel, en chêne, à motifs ogivaux, remplace depuis 1985 l'autel de stuc qui, lui-même, avait succédé à un autel de bois, ancien mais non daté.
De part et d'autre de l'autel se trouvaient les stalles, supprimées lors de la "cure de rajeunissement" à laquelle furent soumises les églises dans les années 1950-1960. Les stalles étaient occupées par les chantres  -dont plusieurs fort heureusement survivent encore aux stalles (on garde aujourd'hui le souvenir d' impressionnants  "Minuit, Chrétiens").
Près de stalles, dans les premiers bancs de la nef, se tenait le choeur des chanteuses, entourant leur organiste et son harmonium : c'était le point d'animation, modeste mais enthousiaste, des offices du dimanche et des fêtes, jusqu'aux dernières décennies du siècle passé.
L'ancienne chaire de bois a, comme les stalles, été emportée par la vague...
Le bénitier octogonal massif, en pierre, dont les armoiries ont, elles aussi, été buchées, ainsi que le baptistère de même facture, sont contemporains de la construction de l'église.

Les vitraux
L'église est lumineuse, éclairée par de hautes ouvertures ogivales, tout autour de l'abside et de la nef, par un oculus en façade et, au chevet, par une grande fenêtre géminée, elle aussi ogivale.
Les vitraux, également victimes de "l'effet des circonstances" ont été remplacés au XIXème siècle :
- une Sainte Vierge et un Bon Pasteur figurent aux vitraux géminés du chevet ;
- saint Joseph, saint Pierre, saint Maurice et sainte Philomène, saint Hygin et sainte Eugénie sont représentés aux vitraux latéraux de l'abside.
La contemplation de ces vitraux, animés au meilleur de la journée   -l'heure de la messe-  par les rayons du soleil, sont la cause de péchés de distraction bien véniels : le divertissement consistait à suivre sur la pierre éclatante des murs et de l'allée centrale le jeu chatoyant des couleurs, ici la tunique de sainte Philomène, là un reflet de saint Maurice.... tandis qu'un enfant de choeur faisait tinter  -étourdiment-   les clochettes dont il avait la charge. Sous le regard plein de mansuétude de Jean-Marie Vianney

Les fresques
De ce qui fut, dit-on, la magnifique décoration initiale due aux artistes de la Renaissance, il reste peu de traces. Ont été mises au jour, lors de la grande restauration de 1983, des fresques des XVème, XVIème, XVIIème siècles : un faux appareil, trois croix de consécration, les armoiries de la famille Montfalcon et des familles qui lui ont succédé à la tête de la châtellenie de Flaxieu : Moyria, puis Clermont-Mont-Saint-Jean. De même ont été restaurés des pans de scènes allégoriques inspirées de la légende de saint Eustache. La voûte de l'abside, sur fond d'azur parsemé d'étoiles d'or, représente la Sainte Trinité, les quatre évangélistes sous leur forme symbolique (ange, lion, aigle, boeuf), deux anges aux ailes déployées, l'ensemble datant vraisemblablement du début du XIXème siècle.

« Venite ad me omnes qui laborati et onerati estis et ego reficiam vos » : « Venez à moi vous tous qui êtes accablés de travail et de peines , et je vous soulagerai ». Cette phrase,  qui ceint la voûte de l’abside,  proclame le message de compassion que l’église de Flaxieu a voulu communiquer aux générations passées.  Ce message reste d’actualité.

La cloche
Disparues à la Révolution, les anciennes cloches furent remplacées au début du XIXème siècle par une cloche unique qui, accidentellement, se détacha et se fêla en tombant. La cloche actuelle, baptisée Marie Pierrette Etiennette, fut mise en place en 1909, elle pèse 265 kilos et sonne le do de la gamme.
Dotée d'une horloge électrique en 1984, elle continue d'égrener  les heures et, matin, midi et soir, sonne l'angélus, certes un angélus désormais discret  -signe des temps-  parfois éclipsé par les angélus environnants, mais la centenaire Marie Pierrette Etiennette témoigne d' une persévérance d’authentique bugiste.
Voilà comment, dans une région aux villages dotés de beaux et anciens édifices religieux, apparaît la petite église de Flaxieu, témoin d'un fervent passé paroissial et cultuel, mais aussi de sa longue histoire. Elle reste le symbole d'un attachement profond, bien qu’empreint de réserve, aux valeurs spirituelles. En même temps, le soin dont l'entourent les habitants du village marque leur volonté de rendre hommage aux talents exceptionnels des générations qui les ont précédés.
Cet attachement se manifesta lors des restaurations réalisées au fil des siècles par le conseil de fabrique et la commune. Et,au début des années 1980, l'Association de Sauvegarde du Patrimoine de Flaxieu   -créée et menée de main énergique par un enfant du pays revenu passer ses dernières années dans son village natal-  ranima cet élan en faveur de l'église. Cette association, en pleine harmonie avec la municipalité, fédéra toutes les bonnes volontés, croyantes ou non, pratiquantes ou non, flaxiolandes ou appartenant aux villages voisins, autour du vaste projet de restauration de 1983, qui permit à l'ancienne église paroissiale tout simplement de conserver un toit, de rester debout, de survivre  et de restituer aujourd'hui, avec une sobre constance, son passé religieux et historique, celui du village et de ses habitants.

Marie-Chantal Guilland



Cet article s'appuie sur l'ouvrage "Richesses touristiques et archéologiques du canton de Virieu-le-Grand" réalisé et publié sous la direction de Léon Guilland, par le département de l'Ain, en 1989. Principaux repères bibliographiques : archives communales et départementales, Charte de fondation de la paroisse de Flaxieu, registres paroissiaux, revue Le Bugey, publications Gorini, Visages de l'Ain, tradition orale et mémoire des habitants de Flaxieu.

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